On oublie jamais, on vit avec comme ils disent...
Juin 1989, je viens de terminer ma 1ere année de BTS et s'ouvre devant moi l'avenir, reste a finir ce BTS l'année suivante, mais avant tout profiter de cet été pour faire le vide.
Une année sentimentale assez douce, au coté d'un homme merveilleux mais trop âgé, marié. Trop beau pour durer, au moment ou il propose de divorcer, sa femme apprend qu'elle est atteint d'un cancer. J'ai choisi pour nous, pour Lui, pour Elle et je l'ai quitté. Cruelle décision quand pour une fois on a trouvé la personne qui partage les mêmes choses malgré tout ce qui pouvait nous séparer, que ce soit la différence d'âge, de position sociale...
Je suis donc partie dans le Var bien décidée a tout oublier et ne pas tomber amoureuse.
7 juillet 1989, j'appelle un ami qui se trouve à Hyères, un ami d'enfance avec qui j'ai passé presque toutes mes vacances d'été et qui me propose de l'accompagner à un Barbecue sur la plage de la Capte. C'est le soir même, j'ai envie de m'amuser un peu et j'y vais. Je suis à peine arrivée que déjà je sens un regard sur moi, ce genre de regard qui captive et retient l'attention, un regard bleu clair illuminé par un large sourire. Mon ami m'apprend que "ce regard" souhaite connaître mon prénom... et voilà que nous passons 4 heures ensemble à nous balader pieds nus sur le sable, oubliant les autres. Je ne savais pas alors dans quoi je m'engageais.
Nous avons passé juillet et Août ensemble chez lui, comme attirés par une force invisible et la séparation début Septembre est un déchirement pour les deux. Vont suivre 2 années très longues ... (Comme j'ai loupé mon Oral de BTS j'ai du redoublé) 2 années à s'écrire tous les jours, nous voyant que pendant les vacances scolaires. Là déjà il y aurait du y avoir des mises en alerte, des mots, des attitudes mais je n'ai rien vu, comme on dit aveuglée par l'amour que je lui portais.
Quand je parlais de lui, certaines personnes me conseillaient la prudence, ne comprenant pas certains comportements. Mais je les trouvais normaux, il m'aimait, normal qu'il soit jaloux non ?
Non ce n'était pas normal à ce point. La jalousie laisse place à la possession du corps mais aussi de l'âme.
Eté 1991 ... Voila BTS en poche je vais mes valises et mes parents qui passent leurs vacances dans le Var me déposeront chez lui... C'est décidé on va vivre ensemble enfin après deux ans d'attente. Lui travaille, je passe donc mes journées à l'Almanarre avec Papa Maman et bronzer insouciante, heureuse du haut de mes 22 ans.
On se mariera Août 1992...
Dès lors, certaines choses changeaient sans que je m'en rende compte de leur importance. Il me demande de travailler très vite... normal... de gérer le budget... normal c'est mon mari.
Je veux lui faire plaisir, ma première sert à lui offrir le tout dernier Réflex Minolta avec tout ce qui va avec, et tout ce dont il pouvait avoir besoin ou envie. Je trouve normal de lui accorder. Quant au budget maison, même si l'on gagne gentiment notre vie, il le serre et cela n'en qu'empirant.
Les 2 premières années de mariage se passent assez tranquillement, j'avais décroché le concours à la C**** Parfait Nous avons tous les deux une bonne place et n'avons que soucis de penser à nous. Mais en fait il pense à Lui... Il commence à me parler qu'il aimerait piloter un avion, cela coûte cher, très cher mais après tout nous n'avons pas d'enfant, pourquoi pas. Les économies et mes heures supplémentaires passent entièrement dans sa passion que j'essaie de partager. J'aborde alors le sujet de l'enfant, que n'ai je pas fais là ! Sujet tabou, horreur, malheur... Un enfant, t'y penses pas ? Je n'en parle plus mais ça cogite. La famille commence à s'en mêler aussi, ce serait bien un garçon pour la relève du nom... oui j'aimerais bien un petit garçon. Voyant que l'idée germe dans mon esprit, il commence à surveiller si je prend bien le cachet magique chaque soir.
Je me dis que peut-être après 3 ans de mariage, je ne suis plus aussi attirante qu'avant et décide de lui plaire encore. Dans le même temps, doucement, il s'arrange pour m'isoler de ces personnes qui parlent bébé (parents, beaux-parents) Il me raconte des trucs sur eux comme quoi ils cherchent à gérer notre vie et je le crois. J'espace donc mes appels, m'éloigne de ma famille encore plus...
Sa jalousie commence à m'énerver gentiment, des coups de fil surprise au boulot aux remarques blessantes sur mes tenues, alors que les porte pour lui faire plaisir puisque c'est lui qui les choisis... Elle est surtout injustifiée, que m'importe le regard des autres hommes, c'est lui que j'aime. J'ai beau lui dire, il ne me croit pas et là commence la spirale. De mots blessants, de sorties interdites entre copines, déménagement car je m'entendais trop bien avec ma voisine devenue ma confidente...
Les rapports intimes deviennent alors pour moi une épreuve : je ne peux plus prendre la pilule à cause d'un problème d'endométriose... Il me fait bien comprendre qu'il n'est pas question que je tombe enceinte, il est en plein examen professionnel, et voit mal consacrer une bonne part de ses revenus à un bébé. Et c'est le blocage, l'incompréhension totale. Physiquement aussi ... Mon corps se rebelle et suis obligée de suivre un traitement qui me met à 27 ans en pré-ménopause. Fini la question du bébé. Une douce et lente dépression d'installe, je n'ai plus goût a rien, ni même de manger.
Je perd alors 10 kgs ne pesant plus que 49 kgs... Je suis mise sous Déroxat. Nos rapports sous toutes leurs formes sont tendus, rapports de force sous tous leurs angles.
Au bout de 3 semaines le Deroxat fait son effet magique et je vais "mieux"...
1996... Ses parents viennent pour 1 semaine et sa mère s'aperçoit que quelque chose ne va pas, et elle lui en parle. Je ne sais pas ce qui a bien pu se dire, il est enfin d'accord pour un bébé. J'en parle à mon médecin, qui m'explique qu'il faut regrossir pour que bébé ait une chance de tenir. Je m'éxécute heureuse ... 20 juin 1997 voit venir au monde G******** mon premier petit garçon, après une longue journée à supporter ses sarcasmes, ses "je ne comprend pas que tu m'es dérangé si bébé est pas encore né !" Sa présence fait monter la tension a 21, je suis en danger et bébé aussi. Les médecins le sortent de la salle de travail, il me jette un regard furieux. De cet épisode, je garde ce regard...
Ce regard ne me quittera plus. G******* est un enfant né avant terme à 8 mois, actif et souffrant de colites du nourrisson. Il ne dort pas la nuit. Son père s'en fiche, il veut dormir lui. Ma tension reste élevée, le médecin me diagnostic une hypertension due a la fatigue mais surtout à" l'emotionnel" ambiant. Il me remet sous Déroxat que j'avais stoppé pour la grossesse.
Je m'occupe de G****** presque seule, je reprend le travail et je perd mes kilos de la grossesse en 1 mois. J'entend autour de moi "Tu as vraiment tout pour être heureuse" Qu'est ce qu'elle m'énerve cette phrase !!!! Qu'est ce qu'ils en savent ??? Je fais cas de rien au boulot, c'est sûr, par honte, par peur.
Il devient de plus en plus colérique, énervé pour un rien, une vaisselle pas faite assez rapidement, une jupe trop courte, un pleur d'enfant de trop. Je lui suggère d'aller voir un médecin, peut être est ce hormonal ??? Regard noir encore et encore... Nous n'avons quasiment plus de relations intimes et je suis sûre qu'il me trompe, mais à la limite ça m'arrange. Je cherche à tout prix à éviter ces moments dits de "complicité" dans un couple... pour moi des moments d'épreuve à supporter CA, aucun préliminaire, aucune tendresse, que des mots orduriers rabaissants. Je le fuis et trouve des prétextes bien plus subtils que le mal de tête... Je cherche à fuir ses mains lourdes, ses attitudes décadentes, je ne supporte plus qu'il me traque sous ma douche, dans mon bain.
Je fais l'impasse sur les menaces qu'il me fait, la main levée... je fais l'impasse sur des gestes qui longtemps ont envahi mes nuits...
Je ne supporte pas qu'il contrôle les kilomètres faits avec la voiture sachant que je n'ai rien à me reprocher. Je ne supporte plus qu'il me dise ce que je dois dire, faire ou comment me comporter. Je fais l'impasse sur les hospitalisation de G***** pendant lesquelles je passais mes journées et mes nuits a ses côtes pendant que son père allait piloter ou faire je ne sais quoi. Je fais l'impasse sur ces séances des courses ou je devais calculer au plus serré le caddie... Je fais l'impasse sur mon manque d'appétit ...
Entre temps un nouveau collégue de bureau arrive, et de suite ça accroche. On en vient vite à parler de nous, de notre vie. Il remarque vite que ça ne va pas et je lui parle du climat à la maison.
Nous sommes alors en 2000 et mes relations avec mon collègue que j'appellerai A. sont merveilleuses de complicité.. Au boulot on ne se quitte plus, on mange ensemble.. on nous prend pour frère et soeur. Cela m'aide alors à supporter un peu le retour à la maison le soir.
Mars 2001 je vais fêter mes 32 ans et je décide de m'offrir l'un des plus beaux cadeaux de ma vie... Je trompe mon mari avec mon collègue et là, je comprend que ce que je vis n'est pas normal. En fait je vais revivre... Il me surnomme Chrysalide car pour lui j'ai changé de coupe de cheveux, me suis relookée, je devenais femme n'ayant plus crainte de plaire aux autres.
L'Autre ne s'est même pas aperçu de la transformation. Et puis par hasard, je suis tombée sur un canal de Tchat le fameux 2535... Au début je ne comprenais rien, tous ces gens qui parlaient en même temps... et au hasard d'une phrase que je lance sur le général, un pseudo réagit et on finit en pv... Mon tout premier pv... Mais malgré notre entente immédiate virtuelle, nos situations ne sont pas simples... Je suis mariée 1 enfant... Il vient juste de divorcer et hait les femmes... Je m'en prend plein la gueule sur la gente féminine et lui sur la gente masculine... et un jour une voix au téléphone... une nuit passée à parler parler et parler, puis d'autres nuits encore... On se rapproche virtuellement, 800 kms nous séparent et pourtant je commence à envisager une rencontre.
Juillet 2001... je laisse tomber mon complice de bureau, on ne devait pas tomber amoureux... Mais il m'a été long par la suite de l'oublier...
Juillet 2001.... Mois de tous les bouleversements... Mon pseudo vient à Toulon, on se voit et pour moi c'est un Flash. Plus question de continuer la sérénade avec mon mari.
On se plait et pendant 3 jours on se voit... 13 juillet 2001 il est 20h00 j'annonce de but en blanc à mon mari que je veux le divorce imémdiatement et la garde de G******. Et alors contre toute attente il s'effondre tel un petit enfant, me disant seulement "Je ne pensais pas que tu le ferais"... Je joue le tout pour le tout, car autant ma rencontre n'aura pas de suite. Mais décidée je force le destin;.. je confie G***** à mes parents encore en vacances cet été là dans la région, et part rejoindre M***** en Italie chez ses parents.
La procédure de divorce est entamée, j'officialise tout, je veux être réglo. Je laisse tout : l'appart, les meubles, la voiture... je veux seulement mon fils car je m'en suis occupée seule !
Août 2001... je m'achète une voiture et m'offre ainsi l'indépendance. Je m'offre encore une semaine de vacances en Italie et là, ma décision est prise... je veux tout quitter et vivre avec M**** sur Paris. Demande de mutation acceptée de suite, je l'annonce a mon ex mari... et profite qu'il soit en stage à Bordeaux pour tout préparer. Je prépare mon fils à cette décision.
Le 28 septembre 2001 je quitte tout, mari, boulot, amis, amant, le soleil, et quand je passe Les Portes du Soleil, les larmes aux yeux de cette libération.
Je ne me retourne même pas, je file droit.
C'est désormais ma devise ... Ne pas me retourner vers ce passé qui encore parfois me hante et me gâche certains moments mais j'y travaille et surtout je me dis Plus jamais ça....
Mais ne nous leurrons pas, les traces laissées dans l'âme marquent bien plus que certains coups portés...
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ayé ca commence à tout vouloir effacer !! 