La Plume Des Anges
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 Kipling

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Eärlindë
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Eärlindë


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MessageSujet: Kipling   Kipling EmptyJeu 18 Aoû à 0:10

Je le mets dans cette rubrique parce que c'est un conte.. bonne lecture à vous Smile


Le Chat qui allait son chemin tout seul



Ois, écoute et entends bien ; car ceci advint, ceci survint, devint et fut, ô ma Mieux-Aimée, à une époque où les animaux Apprivoisés étaient sauvages. Le Chien était sauvage, le Cheval était sauvage, la Vache était sauvage, le Mouton était sauvage, le Cochon était sauvage, sauvages autant qu'il est possible d'être sauvage, et ils allaient sauvages et solitaires par les Bois Humides et Sauvages. Mais le plus sauvage de tous les animaux sauvages, c'était le Chat. Il allait son chemin tout seul, et pour lui tous les endroits se valaient.

Bien sûr l'Homme était sauvage lui aussi. Il était sauvage à faire peur. Il ne commença vraiment à s'apprivoiser que lorsqu'il rencontra la Femme, elle lui dit qu'elle ne voulait pas vivre comme une sauvage. Elle dénicha pour s'y coucher, au lieu d'un tas de feuilles humides, une jolie Caverne sèche, puis elle répandit du sable propre sur le sol ; elle alluma un bon feu de bois au fond de la Caverne ; elle suspendit une peau de cheval sauvage séchée, la queue en bas, devant l'entrée de la Caverne, puis elle dit :

" Essuie tes pieds quand tu rentres, mon chéri. Désormais nous allons avoir un foyer. "

Ce soir-là, ma Mieux-Aimée, ils mangèrent du mouton sauvage rôti sur les pierres chaudes, assaisonné d'ail sauvage et de poivre sauvage ; et du canard sauvage farci de riz sauvage et de fenugrec sauvage et de coriandre sauvage ; et des os à moelle de boeuf sauvage, des cerises sauvages et des passiflores sauvages. Puis l'Homme s'endormit devant le feu, très heureux, mais la Femme resta éveillée à peigner ses cheveux. Elle prit l'os de l'épaule de mouton, la grande omoplate toute plate et en examina les magnifiques marques, puis elle ajouta du bois dans le feu et fit une Magie. Elle fit la Première Magie Chantante au monde.

Dehors, dans les Bois Humides et Sauvages, tous les animaux sauvages s'assemblèrent là où ils pouvaient voir la lumière du feu à grande distance et ils se demandèrent ce que cela signifiait.

Alors Cheval Sauvage piaffa avec son sabot sauvage et dit :

" Ô mes Amis, ô mes Ennemis, pourquoi l'Homme et la Femme ont-ils fait cette grande lumière dans cette grande Caverne, et que devons-nous redouter ? "

Chien Sauvage leva son museau sauvage et renifla l'odeur du mouton rôti et dit :

" Je vais aller voir et regarder et dire ; car ça me semble bon. Chat, viens avec moi.

- Nenni ! dit le Chat. Je suis le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent. Je n'irai pas.

- Alors c'en est fini de notre amitié ", dit Chien Sauvage.

Et il trottina jusqu'à la Caverne. Mais à peine était-il parti que le Chat se dit : " Pour moi tous les endroits se valent. Pourquoi n'irais-je pas moi aussi voir et regarder puis repartir à ma guise ? " Donc il suivit Chien Sauvage doucement, tout doucement, et il se cacha là où il pouvait tout entendre.

Lorsque Chien Sauvage atteignit l'entrée de la Caverne, il souleva avec son museau la peau de cheval séchée et renifla la bonne odeur du mouton rôti. Et la Femme, regardant l'omoplate, l'entendit, et rit et dit :

" Voici le premier. Chose Sauvage des Bois Sauvages, que veux-tu ? "

Chien sauvage dit :

" 0 mon Ennemie et Femme de mon Ennemi, qu'est-ce qui sent si bon dans les Bois Sauvages ? "

Alors la Femme prit un os de mouton rôti et le jeta à Chien Sauvage et dit :

" Chose Sauvage des Bois Sauvages, goûte et essaye. "

Chien Sauvage rongea l'os et c'était plus savoureux que tout ce qu'il avait goûté jusqu’alors, et il dit :

" 0 mon Ennemie et Femme de mon Ennemi, donne-m'en un autre. "

La Femme dit :

" Chose Sauvage des Bois Sauvages, aide mon Homme à chasser la journée et garde cette Caverne la nuit, et je te donnerai autant d'os rôtis que tu voudras.

Ah ! dit le Chat tout ouïe. Voici une Femme très maligne, mais pas aussi maligne que moi. "

Chien Sauvage entra en rampant dans la Caverne et posa sa tête sur les genoux de la Femme et dit :

" Ô mon Amie et Femme de mon Ami, j'aiderai ton Homme à chasser la journée et la nuit je garderai ta Caverne.

- Ah ! dit le Chat tout ouïe. Voilà un Chien bien stupide. "

Et il repartit dans les Bois Humides et Sauvages en agitant sa queue sauvage, s'en allant solitaire et sauvage. Mais il ne raconta rien à personne.

Quand l'Homme se réveilla, il dit :

" Que fait donc ici Chien Sauvage ? "

Et la Femme dit :

" Il ne s'appelle plus Chien Sauvage mais le Premier Ami, car il sera notre ami pour toujours et à jamais. Prends-le avec toi lorsque tu iras à la chasse. "

Le soir suivant, la Femme coupa de grandes brassées d'herbe verte dans les noues qu'elle fit sécher devant le feu, et cela sentait le foin fraîchement coupé, et elle s'assit à l'entrée de la Caverne et tressa un licol en cuir de cheval et regarda l'os de l'épaule de mouton, la grosse et large omoplate toute plate, et fit une Magie. Elle fit la Seconde Magie Chantante au monde.

Là-bas dans les Bois Sauvages, tous les animaux sauvages se demandaient ce qu'il était advenu de Chien Sauvage, et à la fin, Cheval Sauvage tapa du pied et dit :

" Je vais aller voir et rapporter pourquoi Chien Sauvage n'est pas revenu. Chat, viens avec moi.

- Nenni, dit le Chat. Je suis le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent. "

Mais il suivit malgré tout Cheval Sauvage, doucement, tout doucement, et il se cacha là où il pouvait tout entendre.

Quand la Femme entendit Cheval Sauvage broncher et trébucher sur sa longue crinière, elle rit et dit :

" Voici le second. Chose Sauvage des Bois Sauvages, que veux-tu ? "

Et Cheval Sauvage dit :

" Ô mon Ennemie et Femme de mon Ennemi, où est Chien Sauvage ? "

La Femme rit, ramassa l'omoplate, la regarda et dit :

" Chose Sauvage des Bois Sauvages, tu n'es pas venue pour Chien Sauvage, mais pour cette bonne herbe. "

Et Cheval Sauvage, qui bronchait et trébuchait sur sa longue crinière, dit :

" C'est vrai. Donne-m'en à manger. "

Et la Femme dit :

" Chose Sauvage des Bois Sauvages, courbe ta tête sauvage et porte ce que je te donne, et tu mangeras cette herbe merveilleuse trois fois par jour.

- Ah ! dit le Chat tout ouïe. Voici une Femme très habile, mais pas aussi habile que moi. "

Cheval Sauvage courba sa tête sauvage et la Femme glissa autour le licol de cuir tressé, et Cheval Sauvage souffla sur les pieds de la Femme et dit :

" Ô ma Maîtresse et Femme de mon Maître, je serai ton serviteur pour avoir de l'herbe merveilleuse.

- Ah ! dit le Chat tout ouïe. Voilà un Cheval bien stupide. "

Et il repartit dans les Bois Humides et Sauvages en agitant sa queue sauvage, s'en allant solitaire et sauvage. Mais il ne raconta rien à personne.

Quand l'Homme et le Chien rentrèrent de la chasse, l'Homme dit :

" Que fait Cheval Sauvage ici ? "

Et la Femme dit :

" Il ne s'appelle plus Cheval Sauvage mais le Premier Serviteur, car il nous portera de-ci de-là pour toujours et à jamais. Monte sur son dos quand tu iras à la chasse. "

Le lendemain, tenant sa tête sauvage bien droite pour que ses cornes sauvages ne se prennent pas aux branches des arbres sauvages, Vache Sauvage se rendit à la Caverne et le Chat la suivit et il se cacha comme précédemment et tout se déroula comme précédemment et le Chat dit les mêmes choses que précédemment ; et quand Vache Sauvage eut promis à la Femme de lui donner chaque jour son lait en échange de l'herbe merveilleuse, le Chat repartit dans les Bois Humides et Sauvages en agitant sa queue sauvage, s'en allant solitaire et sauvage comme précédemment. Mais il n'en parla jamais à personne. Et quand l'Homme, le Cheval et le Chien revinrent de la chasse et posèrent les mêmes questions que précédemment, la Femme dit :

" Elle ne s'appelle plus Vache Sauvage mais la Donneuse de Bonne Nourriture. Elle nous donnera du bon lait blanc bien chaud pour toujours et à jamais et je m'occuperai d'elle pendant que toi, le Premier Ami et le Premier Serviteur vous serez à la chasse. "
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptyJeu 18 Aoû à 0:10

(suite)


Le lendemain, le Chat attendit de voir si une autre Chose Sauvage irait à la Caverne, mais personne ne bougea dans les Bois Humides et Sauvages, alors le Chat s'y rendit tout seul, et il vit la Femme qui trayait la Vache, et il vit la lumière du feu dans la Caverne et il sentit l'odeur du bon lait blanc bien chaud.

Chat dit :

" Ô mon Ennemie et Femme de mon Ennemi, où Vache Sauvage est-elle partie ? "

La Femme rit et dit :

" Chose Sauvage des Bois Sauvages, retourne dans les Bois car j'ai tressé mes cheveux et j'ai rangé l'omoplate magique et nous n'avons plus besoin d'amis ni de serviteurs dans notre Caverne. "

Chat dit :

" Je ne suis pas un ami et je ne suis pas un serviteur. Je suis le Chat qui va son chemin tout seul et je désire entrer dans ta Caverne. "

La Femme dit :

" Alors pourquoi n'es-tu pas venu avec Premier Ami le premier soir ? "

Chat se fâcha très fort et dit :
" Chien Sauvage a-t-il raconté des histoires sur moi ? "

Alors la Femme rit et dit :

" Tu es le Chat qui va son chemin tout seul et pour toi tous les endroits se valent. Tu es ni un ami ni un serviteur. Tu l'as dit toi-même. Va-t'en, va seul ton chemin dans tous les lieux qui se valent . "

Alors Chat fit mine d'être peiné et dit :

" Ne pourrai-je donc jamais entrer dans la Caverne ? Ne pourrai-je jamais m'asseoir près du feu si chaud ? Ne pourrai-je jamais boire le bon lait blanc bien chaud ? Tu es très maligne et très belle. Tu ne devrais pas être si cruelle, même envers un Chat. "

La Femme dit :

" Je savais que j'étais maligne, mais j'ignorais que j'étais belle. Je vais donc conclure un marché avec toi. Si jamais je prononce un seul mot à ta louange, tu pourras entrer dans la Caverne.

- Et si tu en prononces deux ? dit le Chat.

- Cela n'arrivera pas, dit la Femme. Mais si je prononce deux mots à ta louange, tu pourras t'asseoir près du feu dans la Caverne.

Et si tu en prononces trois ? dit le Chat.

- Cela n'arrivera pas, dit la Femme. Mais si je prononce trois mots à ta louange, tu pourras boire le bon lait blanc bien chaud trois fois par jour pour toujours et à jamais. "

Alors le Chat fit le gros dos et dit :

" Que le Rideau à l'entrée de la Caverne et le Feu au fond de la Caverne et les pots à lait posés près du feu se souviennent de ce qu'a dit mon Ennemie et la Femme de mon Ennemi. "

Et il partit dans les Bois Humides et Sauvages en agitant sa queue sauvage, s'en allant solitaire et sauvage.

Ce soir-là, quand l'Homme, le Cheval et le Chien rentrèrent de la chasse, la Femme ne leur parla pas du marché qu'elle avait conclu avec le Chat car elle craignait que cela ne leur plût pas.

Chat partit loin, très loin se cacher dans les Bois Humides et Sauvages, solitaire et sauvage, pendant longtemps, jusqu'à ce que la Femme l'ait oublié. Seule la petite Chauve-Souris suspendue la tête en bas à l'intérieur de la Caverne, seule Chauve-Souris savait où se cachait Chat ; et Chauve-Souris chaque soir volait annoncer les nouvelles à Chat.

Un soir, Chauve-Souris dit :

" Il y a un Bébé dans la Caverne. Il est tout neuf, tout rose, petit et dodu, et la femme en raffole.

- Ah ! dit le Chat tout ouïe. Mais le Bébé, de qui raffole-t-il ?

- Il raffole de choses douces et qui chatouillent, dit la Chauve-Souris. Il raffole de choses chaudes à tenir dans ses bras lorsqu'il s'endort. Il raffole qu'on joue avec lui. Il raffole de tout ça.

- Ah ! dit le Chat tout ouïe. Alors mon heure est venue. "

La nuit suivante, Chat traversa les Bois Humides et Sauvages et se cacha tout près de la Caverne jusqu'au matin lorsque Homme, Chien et Cheval partirent à la chasse. La Femme faisait la cuisine ce matin-là et le Bébé pleurait et la dérangeait. Alors, elle le porta hors de la Caverne et lui donna une poignée de cailloux pour jouer. Mais le Bébé continua à pleurer.

Alors, le Chat avança sa patte et caressa la joue du Bébé qui se mit à gazouiller, et le Chat se frotta contre ses genoux dodus et de sa queue le chatouilla sous son menton dodu. Et le Bébé rit ; et la Femme l'entendit et sourit.

Alors la Chauve-Souris, la petite Chauve-Souris suspendue la tête en bas, dit :

" 0 mon Hôtesse, Femme de mon Hôte et Mère du Fils de mon Hôte, une Chose Sauvage des Bois Sauvages joue très joliment avec votre Bébé.

- Bénie soit cette Chose Sauvage quelle qu'elle soit, dit la Femme en se redressant, car je suis une femme très occupée ce matin et elle m'a rendu service. "

A la minute et à la seconde même, ma Mieux-Aimée, le Rideau en peau de cheval séchée qui pendait la queue en bas à l'entrée de la Caverne, tomba - vlan ! - car il se souvenait du marché conclu avec le Chat ; et lorsque la Femme alla le ramasser, voila-t-il pas que le Chat était confortablement installé à l'intérieur de la Caverne.

" Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat. C'est moi, car tu as prononcé un mot à ma louange et désormais je peux rester dans la Caverne pour toujours et à jamais. Mais je suis encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent. "

La Femme était très en colère, elle serra les lèvres et prit son rouet et se mit à filer.

Mais le Bébé pleurait car le Chat était parti et la Femme ne parvenait pas à le faire taire ; il se débattait et gigotait et devenait tout noir.

" Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat. Prends un bout du fil que tu files, attache-le à ton fuseau et fais-le traîner par terre, je te montrerai une Magie qui fera rire ton Bébé aussi fort qu'il pleure en ce moment.

- Je vais le faire, dit la Femme, car je suis à bout de nerfs, mais n'attends pas de remerciements. "

Elle attacha le fil au petit fuseau d'argile et le fit traîner sur le sol, et alors le Chat courut après, et donna des coups de patte, et fit des culbutes, et l'envoya en arrière par-dessus son épaule, et le poursuivit entre ses pattes de derrière, et fit semblant de le perdre, et se jeta de nouveau dessus jusqu'à ce que le Bébé se mette à rire aussi fort qu'il avait pleuré et à courir à quatre pattes après le Chat en faisant le fou à travers la Caverne, jusqu'à tomber de fatigue et s'endormir avec le Chat dans les bras.

" Maintenant, dit le Chat, je vais chanter au Bébé une chanson qui le fera dormir pendant une heure. "

Et il se mit à ronronner tout fort et tout bas, tout bas et tout fort, jusqu'à ce que le Bébé s'endormît. La Femme sourit en les voyant tous les deux et dit :

" Voilà qui est très bien. Aucun doute, tu es très habile, ô Chat. "

A la minute et à la seconde même, ma Mieux-Aimée, la fumée du Feu au fond de la Caverne descendit en nuages de la voûte - pouf ! - car il se souvenait du marché conclu avec le Chat ; et lorsqu'elle se dissipa, voila-t-il pas que le Chat était confortablement installé près du feu.

" 0 mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat. C'est moi, car tu as prononcé une seconde parole à ma louange et désormais je peux m'asseoir près du feu si chaud au fond de la Caverne pour toujours et à jamais. Mais je suis encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent. "

La Femme était très très en colère, elle défit ses cheveux et remit du bois dans le feu et sortit la large omoplate de l'épaule de mouton et se mit à faire une Magie qui devait l'empêcher de prononcer un troisième mot à la louange du Chat. Ce n'était pas une Magie Chantante, ma Mieux-Aimée, c'était une Magie Silencieuse et peu à peu la Caverne devint si silencieuse qu'une petite souris minuscule sortit d'un coin et traversa la Caverne en courant.

" Ô Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat. Cette petite souris fait-elle partie de ta Magie ?

- Oh non ! Sûrement pas ! " dit la Femme.

Et elle laissa tomber l'omoplate et sauta sur le tabouret devant le feu et elle rattacha rapidement ses cheveux, de peur que la souris n'y grimpât.

" Ah ! dit le Chat aux aguets. Alors la souris ne me fera aucun mal si je la mange ?

- Non, dit la Femme en rattachant ses cheveux. Mange-la vite et je t'en serai à jamais reconnaissante. "

D'un bond, Chat attrapa la petite souris et la Femme dit :

" Mille fois merci. Premier Ami lui-même n'est pas aussi rapide que toi pour attraper les petites souris. Tu es certainement très habile. "

A la minute et à la seconde même, ô ma Mieux-Aimée, le Pot à Lait qui se trouvait près du feu se fendit en deux - ffftt ! - car il se souvenait du marché conclu avec le Chat, et lorsque la Femme sauta du tabouret, voila-t-il pas que le Chat lapait le bon lait blanc bien chaud resté dans l'un des morceaux brisés.

" Ô mon Ennemie, Femme de mon Ennemi et Mère de mon Ennemi, dit le Chat. C'est moi, car tu as prononcé un troisième mot à ma louange et désormais je peux boire le bon lait blanc bien chaud trois fois par jour pour toujours et à jamais. Mais je suis encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent. "

Alors la Femme rit et déposa devant le Chat un bol de bon lait blanc bien chaud et dit :

" Ô Chat, tu es aussi habile qu'un homme, mais souviens-toi que notre marché ne fut conclu ni avec l'Homme ni avec le Chien, et j'ignore ce qu'ils feront lorsqu'ils rentreront.

- Que m'importe, dit le Chat. Du moment que j'ai ma place dans la Caverne près du feu et mon bon lait blanc bien chaud trois fois par jour, je me moque de l'Homme et du Chien. "

Ce soir-là, quand l'Homme et le Chien revinrent à la Caverne, la Femme leur raconta toute l'histoire du marché, tandis que le Chat souriait, assis au coin du feu. Alors l'Homme dit :

" Oui, mais ce n'est pas avec moi qu'il a conclu un marché, ni avec tous les Hommes après moi. "

Puis il retira ses bottes en cuir, il prit sa petite hache de pierre (ce qui fait trois) et il alla chercher un morceau de bois et une hachette (ce qui fait cinq); et il les aligna devant lui et dit :

" Maintenant, à nous deux de conclure un marché ! Si tu n'attrapes pas les souris alors que tu seras toujours et toujours et toujours dans la Caverne, je te jetterai ces cinq objets chaque fois que je te verrai, et ainsi feront tous les autres Hommes après moi.

- Ah! dit la Femme tout ouïe. C'est un Chat habile, mais il n'est pas aussi habile que mon Homme. "

Le Chat compta les cinq objets (et ils avaient l'air très bosselés) et il dit :

" J'attraperai les souris tant que je serai dans la Caverne pour toujours et à jamais, mais je suis encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent.

- Pas tant que je suis là, dit l'Homme. Si tu n'avais pas dit ces derniers mots, j'aurais rangé ces objets à jamais et pour toujours, mais à présent je te jetterai mes deux bottes et ma petite hache de pierre (ce qui fait trois) chaque fois que je te rencontrerai. Et ainsi feront tous les autres Hommes après moi. "

Alors le Chien dit :

" Attends une minute, il n'a pas conclu le marché avec moi ni avec tous les autres Chiens après moi. "

Puis il montra les crocs et dit :

" Si tu n'es pas gentil avec le Bébé tant que je serai dans la Caverne pour toujours et à jamais, je te poursuivrai jusqu'à ce que je t'attrape et quand je t'aurai attrapé, je te mordrai. Et ainsi feront tous les autres Chiens après moi.

- Ah! dit la Femme tout ouïe. C'est un Chat très habile, mais il n'est pas aussi habile que le Chien. "

Chat compta les crocs du Chien (et ils avaient l'air très pointus) et il dit :

" Je serai gentil avec le Bébé tant que je serai dans la Caverne, pourvu qu'il ne me tire pas la queue trop fort pour toujours et à jamais. Mais je suis encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour moi tous les endroits se valent.

- Pas tant que je suis là, dit le Chien. Si tu n'avais pas dit ces derniers mots, j'aurais fermé ma gueule pour toujours et à jamais, mais à présent je te ferai grimper aux arbres chaque fois que je te rencontrerai. Et ainsi feront tous les autres Chiens après moi. "

Alors l'Homme jeta ses deux bottes et sa petite hache de pierre (ce qui fait trois) sur le Chat, et le Chat s'enfuit en courant hors de la Caverne et le Chien le fit grimper en haut d'un arbre ; et depuis ce jour jusqu'à aujourd'hui, ma Mieux-Aimée, trois Hommes sur cinq ne manqueront jamais de jeter des choses à un Chat chaque fois qu'ils en rencontreront un et tous les autres Chiens lui courront après pour le faire grimper aux arbres. Mais le Chat respecte lui aussi sa part du marché. Il tuera les souris et il sera gentil avec le Bébé tant qu'il sera dans la maison, pourvu qu'il ne lui tire pas la queue trop fort. Mais lorsqu'il a fait tout ça et entre-temps, quand la lune se lève et que la nuit vient, il est encore le Chat qui va son chemin tout seul et pour lui tous les endroits se valent. Alors il part dans les Bois Humides et Sauvages ou dans les Arbres Humides et Sauvages ou bien sur les Toits Humides et Sauvages, en agitant sa queue sauvage et en s'en allant solitaire et sauvage.
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Altaïr
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptySam 27 Aoû à 14:30

Je me souviens qu'il y avit un conte que jaimais tout particulièrement quand j'étais petite. C'était l'histoire d'un elephanteau trop curieux. Ca s'appellait l'enfant éléphant je crois, dans le livre des Histoires comme ça.
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptySam 27 Aoû à 19:45

L'enfant d'éléphant


Dans les temps anciens et reculés, ô ma Mieux-Aimée, l’éléphant n’avait pas de trompe. Il n’avait qu’un petit bout de nez brun bombé de la taille d’une botte, qu’il balançait bien de droite à gauche, mais avec quoi il ne pouvait rien ramasser. Or, il y avait un éléphant, un nouvel éléphant, un enfant d’éléphant, plein d’une insatiable curiosité, ce qu’il fait qu’il posait toujours un tas de questions. Avec ça, il vivait en Afrique et il remplissait toute l’Afrique de son insatiable curiosité. Il demanda à sa grande tante l’Autruche pourquoi les plumes de sa queue poussaient comme ça, et sa grande tante l’Autruche lui donna une fessée avec sa patte dure, dure. Il demanda à sa grande tante la Girafe pourquoi elle avait la peau tachetée et sa grande tante la Girafe lui donna une fessée avec son sabot dur, dur. Mais il était toujours plein d’une insatiable curiosité. Il demanda à son gros oncle l’Hippopotame pourquoi il avait les yeux rouges, et son gros oncle l’Hippopotame lui donna une fessée avec son gros sabot ; et il demanda à son oncle poilu, le Babouin, pourquoi les melons avaient ce goût-là et son oncle poilu, le Babouin, lui donna une fessée avec sa patte poilue, poilue. N’empêche qu’il était toujours plein d’une insatiable curiosité ! Il posait des questions à propos de tout ce qu’il voyait, entendait, éprouvait, sentait ou touchait et tous ses oncles et ses tantes lui donnaient la fessée. Et il demeurait malgré tout plein d’une insatiable curiosité!

Un beau matin, au milieu de la Précession des Equinoxes, cet Enfant Éléphant à l’insatiable curiosité posa une nouvelle question, une bonne, qu’il n’avait encore jamais posée. Il demanda : « Qu’est-ce que le Crocodile mange au dîner? » Tous lui dirent « Chut ! » à haute et terrible voix ; puis ils le fessèrent sur-le-champ, pendant un long moment, sans s’arrêter.

Lorsque ce fut terminé, il tomba sur l’Oiseau Kolokolo assis au milieu d’un buisson de jujubier et il lui dit : « Mon père m’a donné la fessée, ma mère m’a donné la fessée ; tous mes oncles et tantes m’ont donné la fessée pour mon insatiable curiosité, n’empêche que je veux savoir ce que le Crocodile mange au dîner ! »

Alors l’Oiseau Kolokolo dit, avec un cri lugubre : « Va sur les rives du grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordé d’arbre à fièvre. Et tu le découvriras. »

Dès le lendemain matin, comme il ne restait plus rien des Équinoxes, puisque la Précession avait précédé conformément aux précédent, cet insatiable Enfant Éléphant prit cinquante kilos de bananes (des petites rouges), cinquante kilos de canne à sucre (de la longue violette) et dix-sept melons (des verts croquants) et il dit à sa famille : « Au revoir. Je vais au grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordées d’arbre à fièvre, afin de savoir ce que le Crocodile mange au dîner. »

Alors, tous ensemble ils lui donnèrent une fessée de plus pour lui porter chance, quoiqu’il leur demandât bien poliment d’arrêter.

Puis il s’en alla, un peu échauffé, mais pas du tout étonné, tout en mangeant des melons et en jetant la peau car il ne pouvait pas la ramasser. Il alla de Grahamstown à Kimberley et de Kimberley à Khamascountry, et à Khamascountry il prit la direction du nord-est, et en continuant à manger des melons jusqu’à ce qu’enfin il atteignît les rives du grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, bordé d’arbres à fièvre, exactement comme l’avait décrit l’Oiseau Kolokolo.

Tu dois savoir et comprendre, ô ma Mieux-Aimée, qu’avant cette semaine-là, et ce jour, cette heure, cette minute, l’insatiable Enfant Elephant n’avait jamais vu un Crocodile et ne savait pas à quoi ça ressemblait. Tout ça faisait son insatiable curiosité.

La première chose qu’il vit fut un Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore enroulé autour d’un rocher.

« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant très poliment, mais avez-vous vu une chose ressemblant à un Crocodile dans ces parages hétérogènes. »

« Si j’ai vu un Crocodile ? répéta le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore d’un ton d’absolu mépris. « Que vas-tu me demander ensuite ? »

« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant, mais auriez-vous l’obligeance de me dire ce qu’il mange au dîner ? »

Alors le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore se désenroula r apidement du rocher et il donna une fessée à l’Enfant Éléphant avec son écailleuse queue flagelleuse.

« C’est étrange, dit l’Enfant Éléphant. Mon père et ma mère, mon oncle et ma tante, sans parler de mon autre tante la Girafe et de mon autre oncle le Babouin, m’ont tous donné la fessée pour mon insatiable curiosité, et je suppose que vous faites la même chose pour la même raison. »

Mais il s’agissait en réalité du Crocodile, ô ma Mieux-Aimée, et le Crocodile cligna de l’œil, comme ceci !
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant très poliment, mais vous n’auriez pas vu un Crocodile dans ces parages hétérogènes ? »

Alors le Crocodile cligna de l’autre œil et souleva à demi sa queue hors de l’eau; et l’Enfant Éléphant recula très poliment car il n’avait pas envie de recevoir encore une fessée.

« Approche, Petit, dit le Crocodile. Pourquoi me poses-tu cette question ? »
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant d’Éléphant très poliment, mais mon père m’a donné la fessée, ma mère m’a donné la fessée, sans parler de ma grande tante l’Autruche et de mon gros oncle l’Hippopotame, de ma tante la Girafe qui rue si fort et de mon oncle poilu le Babouin, sans oublier le Serpent-Python- de-Rocher-Bicolore à l’écailleuse queue flageleuse, près de la rive, qui frappe plus fort que tous les autres, et donc, si ça ne vous ennuie pas, j’aimerai mieux ne plus être fessé. »
« Approche, Petit, dit le Crocodile, car c’est moi le Crocodile. » Et pour le prouver il se mit à verses des larmes de Crocodile.

L’Enfant Éléphant en eut le souffle coupé, il s’agenouilla sur la rive, haletant, et dit : « Vous êtes la personne que je cherche depuis si longtemps. Voudriez-vous me dire, s’il vous plait, ce que vous mangez au dîner ? »
« Approche, Petit, dit le Crocodile. Je vais te le souffler à l’oreille. »

« Je pense, dit le Crocodile, et il le dit entre ses dents, comme ceci, je pense que je commencerai aujourd’hui par de l’Enfant d’Éléphant. »

En entendant cela, ô ma Mieux-Aimée, l’Enfant d’Éléphant fut fort ennuyé et il dit en parlant du nez : « Laissez-boi bartir ! Vous be faites bal ! »

Alors le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore descendit sur la rive ventre à terre et dit : « Mon jeune ami, si tu ne te mets pas maintenant, immédiatement et sans délai à tirer de toutes tes forces, j’ai bien peur que ce vieil ulster à larges bandes de cuir (il voulait parler du Crocodile) te précipite dans ce courant limpide avant que tu puisses dire ‘ouf’. »

Ainsi s’exprima le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore.

Alors l’Enfant d’Éléphant s’assit sur ses petites hanches et il tira, tira, tira, tant et si bien que son nez commença à s’allonger. Et le Crocodile barbotait dans l’eau qu’il rendait crémeuse à grands coups de queue, et lui aussi il tira, tira, tira.

Et le nez de l’Enfant Éléphant continuait à s’allonger ; et l’Enfant Éléphant se campa sur ses quatre petites pattes, et tira, tira, et son nez continuait à s’allonger ; et le Crocodile battait l’eau en se servant de sa queue comme d’une rame et lui aussi, il tira, tira, tira et à chaque fois le nez de l’Enfant Éléphant s’allongeait d’avantage et cela lui faisait un mal de tous les diables !
Puis l’Enfant d’Éléphant sentit ses pattes glisser, et il dit en parlant du nez, qui avait maintenant près de cinq pied de long : « Je n’en beux blus ! »

Alors le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore descendit la rive et se noua en double demi-clef autour des pattes de derrière de l’Enfant d’Éléphant et il dit : « Voyageur imprudent et inexpérimenté, nous allons maintenant nous livrer sérieusement à un petit effort de traction car sinon, j’ai le sentiment que ce vaisseau de guerre à propulsion là-bas avec un pont supérieur blindé (par ces mots ô ma Mieux-Aimée, il faisait allusion au Crocodile) va compromettre pour toujours ta future carrière. »

Ainsi s’exprima le Serpent-Python-de-Roche Bicolore.

Alors il tira et l’Enfant d’Éléphant tira et le Crocodile tira, mais l’Enfant Éléphant et le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore tirèrent plus fort et le Crocodile finit par lâcher le nez de l’Enfant Éléphant avec un ‘plop’ qui résonna tout le long du Limpopo.

Kipling Kiplingelephant


Alors l’Enfant d’Éléphant s’assit brusquement et lourdement mais tout d’abord il prit bien soin de dire ‘merci’ au Serpent-Python- de-Roche-Bicolore avant de s’occuper de son pauvre nez étiré. Il l’enveloppa dans des feuilles de bananier fraîches et le trempa aux frais dans le grand Fleuve Limpopo aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses.

« Pourquoi fais-tu ça ? » demanda le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore.
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant Éléphant, mais mon nez a perdu sa forme et j’attends qu’il rétrécisse. »
« Tu risques d’attendre longtemps, dit le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore. Certaines gens ne savent pas ce qui est bien pour eux. »

L'Enfant d’Éléphant resta assis trois jours à attendre que son nez rétrécisse. Mais il ne diminuait pas, et en plus il le faisait loucher. Car tu auras vu et compris, ô ma Mieux-Aimée, que le Crocodile en tirant en avait fait une véritable trompe comme celle qu’ont les Éléphants aujourd’hui.

A la fin du troisième jour, une mouche vint le piquer sur l’épaule et avant même de se rendre compte de qu’il faisait, il leva sa trompe et tua la mouche.

« Avantage numéro un ! dit le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore. Tu n’aurais pas pu en faire autant avec ton sale petit bout de nez. Essaye de manger un peu maintenant. »

Avant de se rendre compte de ce qu’il faisait, l’Enfant d’Éléphant étendit sa trompe et arracha une grosse touffe d’herbe qu’il épousseta contre ses pattes de devant avant de se l’enfourner dans la bouche.

« Avantage numéro deux ! dit le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore. Tu n’aurais pas pu faire ça avec ton sale petit bout de nez. Ne trouves-tu pas que le soleil tape par ici ? »
« En effet », dit l’Enfant d’Éléphant. Et avant de se rendre compte de ce qu’il faisait, de sa trompe il pompa une pompée de bourbe au bord du grand Fleuve Limpopo, aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, et se la plaqua sur la tête où ça lui fit un beau bonnet de boue bulleuse et flasque qui lui dégoulinait derrière les oreilles.
« Avantage numéro trois ! dit le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore. Tu n’aurais pas pu faire ça avec ton sale petit bout de nez. Et maintenant, aimerais-tu recevoir encore des fessées ? »
« ’Scusez-moi, dit l’Enfant d’Éléphant, mais ça ne me plairait pas du tout. »
« Ca te dirait de donner une fessée à quelqu’un ? », dit le Serpent-Python- de-Roche-Bicolore
« Ca me plairait énormément, je l’avoue, » dit l’Enfant d’Éléphant.
« Dans ce cas, dit le Serpent-Python-de-Roche-Bicolore, tu verras que ton nouveau nez est fort utile pour fesser les gens. »
« Merci, dit l’Enfant d’Éléphant. Je m’en souviendrai ; maintenant, je crois que je vais rentrer chez moi et rejoindre ma chère famille pour essayer. »

Alors l’Enfant d’Éléphant rentrant chez lui à travers l’Afrique en frétillant de la trompe. Lorsqu’il voulait manger des fruits, il les cueillait directement sur l’arbre au lieu d’attendre qu’ils tombent comme auparavant. Lorsqu’il voulait de l’herbe, il l’arrachait au sol au lieu de s’agenouiller comme auparavant. Lorsque les mouches le piquaient, il brisait une branche d’arbre et s’en servait comme chasse-mouches ; et il se faisait un nouveau bonnet de boue fraîche fangeuse-spongieuse lorsque le soleil était trop chaud. Quand il en avait assez de marcher seul à travers l’Afrique, il chantait dans sa trompe et ça faisait autant de bruit que plusieurs fanfares. Il fit un détour afin de trouver un gros hippopotame (ce n’était pas un parent) et lui administrer une terrible fessée pour s’assurer que le Serpent-Python-de-Rocher-Bicolore ne lui avait pas menti au sujet de sa nouvelle trompe. Le reste du temps, il ramassa les peaux de melon qu’il avait jetées en se rendant au fleuve Limpopo, car c’était un pachyderme très propre.

Par un soir sombre il retrouva sa chère famille ; il enroula sa trompe et dit : « Comment allez-vous ? » Ils étaient très heureux de le revoir et ils dirent aussitôt : « Viens ici recevoir une fessée pour ton insatiable curiosité. »
« Peuh ! dit l’Enfant Éléphant. Je crois que vous ne connaissez rien à la fessée ; moi par contre, je peux vous montrer. »

Sur ce, il déroula sa trompe et jeta deux de ses chers frères cul par-dessus tête.
« Oh, purée ! dirent-ils. Où as-tu appris ce coup-là et qu’as tu fais à ton nez ?»
« Le Crocodile qui vit sur les rives du grand Fleuve Limpopo aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses m’en a donné un nouveau, dit l’Enfant Éléphant. Je lui ai demandé ce qu’il mangeait au dîner et j’ai reçu ça en souvenir. »
« Ce n’est pas beau », dit son oncle poilu, le Babouin.
« Oui, c’est vrai, dit l’Enfant Éléphant, mais c’est bien commode. » Et, saisissant son oncle poilu, le Babouin, par une patte poilue, il l’envoya dans un nid de frelons.

Puis ce méchant Enfant Éléphant se mit à fesser toute sa chère famille pendant un long moment jusqu’à ce qu’ils fussent très échauffés et fort étonnés. Il arracha à sa grande tante l’Autruche les plumes de sa queue ; et il attrapa sa grande tante la girafe par les pattes de derrière et la traîna dans un buisson d’épines ; et il cria après son gros oncle l’Hippopotame et lui soufla des bulles dans les oreilles pendant que celui-ci faisait la sieste dans l’eau après manger ; mais il ne laissa personne toucher à l’Oiseau Kolokolo.

A la fin, ça chauffait tellement que tous les membres de sa chère famille se précipitèrent, un par un, vers les rives du grand Fleuve Limpopo aux grasses eaux vert-de-grisées et huileuses, et bordé d’arbres à fièvre, pour emprunter au Crocodile de nouveau nez. Quand ils revinrent, personne ne fessa plus personne ; et depuis ce jour, ô ma Mieux-Aimée, tous les éléphants que tu verras, et tous ceux que tu ne verras pas, ont des trompes exactement semblables à la trompe de l’insatiable Enfant Éléphant.
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptySam 27 Aoû à 19:45

Il suffit de demander Wink
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptySam 27 Aoû à 20:39

Rôôôôô (cri d'emerveillement altaïresque ...) merchi beaucoup !!!!!

Après en avoir parlé , j'était prête à me lancer dans une fouille désespérée, à la recherche de mon receuil d'histoires comme ça qui a disparu je ne sais où (argh , le fourbe .....). Mais non il suffit de demander et l'histoire apparaît. Ca marche aussi si je demande les numéros gagnant au loto ??? Confused
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling EmptySam 27 Aoû à 20:43

Euh non.. ça marche po confus

mais si tu veux d'autres histoires, tu peux toujours me demander Coucou rapide
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MessageSujet: Re: Kipling   Kipling Empty

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