Il y a des livres qui passent inaperçus et qui se révèlent surprenants. C'est le cas de "l'esprit meurtrier" de Philip G Walcott.
Chaque chapitre représente une séquence d'une visualité parfaite, autant dans le descriptif (le souci de certains détails dont chacun a son importance) que dans le narratif (l'ambiance), comme s'il s'agissait d'un scénario novellisé, ce qui ne semble pourtant pas être le cas (à titre d'exemple, ne pas rater le chapitre sur l'autopsie de la première victime !).
L'esprit meurtrier est un roman inclassable : Polar ? Thriller ? Romantique ? Erotique ? Lesbien ? Book-movie ? Fantastique ? Esotérique ? Nostalgique ? Le tout sur fond historique (l'ancienne Egypte, les templiers, l'assassinat de JFK...) ?
On pourrait croire qu'il s'agit d'un pur polar à la lecture des premiers chapitres, mais il y a une accélération à partir du milieu du livre qui conduit vers un chemin plus romantique et spirituel (et même le chamanisme). Un vrai roman à tiroirs, une auberge espagnole d'une grande originalité (la scène d'amour finale, par exemple, est sans précédent dans l'histoire de la littérature, et même du cinéma).
Le titre "L'esprit meurtrier" n'est pas adapté à cette histoire. Le roman est trop original pour mériter un titre si banal. L'auteur a peut-être voulu un titre simple à double sens, mais il range d'office le livre dans la catégorie du roman de gare alors que l'histoire est bien plus subtile que celle d'un polar ordinaire. Avec un tel titre, on imagine un thriller classique, un de plus, insignifiant, transparent, au milieu de cette marée de livres qu'on trouve dans les grandes librairies et sur internet.
J'ai tellement aimé le livre que je pourrais en parler pendant des heures. Peut-être parce qu'il correspond tout à fait à ce que j'aime lire : quelque chose qui me distrait tout en m'ouvrant l'esprit.