Jediknight
Souffle Vampirique
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 | | Sujet: "Les 110 pilules" de Magnus Sam 3 Sep à 10:59 | |
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Edité pour la première fois en France en 1995, soit neuf ans après sa parution originale en Italie et un an avant le décès de son auteur , « les 110 pilules » est l’œuvre de Magnus.
Roberto Raviola, de son vrai nom était un dessinateur habitué à l’époque des pages du magazine « l’écho des savanes » (dont le logo jaune orne la couverture) notamment au travers des mésaventures de Nécron (4 albums édités chez Albin Michel, ayant pour héros un robot nécrophage) .
Pour cet ouvrage, il s’est très largement inspiré du Jing Ping Mei (la fleur en fiole d’or en VF), considéré comme un des chef d’œuvres de la littérature chinoise, écrit par Xiao Xiao Sheng, romancier de l’époque Ming (1368-1644), sous un nom d’emprunt (en effet le livre s’avère une critique du régime féodal, comme à l’époque).
Comme d’autres (Manara, Serpieri) Magnus s’est spécialisé dans la bande dessinée pour adulte, certaines plus ou moins érotiques, flirtant par moment avec la pornographie.
« Les 110 pilules » est sans conteste sa meilleure œuvre.
¥ L’histoire (Tout court) ¥
Sous la Dynastie des Sung (960 à 1279), Hsi-men, riche droguiste, appréciant les plaisirs de la chair, se procure auprès d’un moine médecin un puissant élixir pour augmenter sa force virile.
Il ne doit jamais prendre plus d’une de ces 110 pilules, et une à chaque lune.
La première ingérée l’effet est immédiat et il honore sans difficultés l’ensemble de ces cinq épouses typées, parmi lesquelles Lotus d’or, la plus demandeuse, à qui il offre une édition du « livre des trois cent soixante positions » présent d’un de ses amis dépravés pour ses quarante printemps. (La pilule serait-elle un ancêtre du Viagra ?)
Tout à son bonheur, le maître du domaine de Tung P’ing, prend une sixième épouse, tout en se réservant une jeune vierge à déflorée à « la serre des neuf fleurs », maison de passe réputée, où il passe de plus en plus de temps à calmer son ardeur, ainsi qu’à « la lanterne bleue », lieu de plaisirs pour les écrivains connu pour ses travestis
Au fur et à mesure où le nombre de pilule se réduit, que les passions se déchaînent, le « très viril » Hsi-men voyant venir « la fin » devient de plus en plus irritable.
¥ Mon avis ¥
En dehors de sa couverture, l’ensemble des planches de cette bande dessinée se présente en noir et blanc, ce qui assurément renforce l’impression d’avoir entre les mains une œuvre voisine dans son érotisme sous-jacent d’une estampe japonaise, d’un bas relief de temple hindoue, d’une gravure du Kama-sutra.
L’encrage est quasiment inexistant, il n’y a aucune nuance, ce qui renforce l’effet.
Loin de moi l’idée de trop insister sur l’aspect « historique et culturel » de ce livre, bien qu’il soit existant assurément, et qu’il soit un plus.
On peu aussi voir dans cette bande dessinée un conte moral où « la gourmandise » est présentée comme un vilain péché.
Référence est faite à une légende du folklore un peu avant la conclusion funeste de l’histoire.
Au final, on ne peut que constater qu’aspiré dans un déluge de débauche, le héros passe à coté du plus important la maternité de sa première épouse, la seule pour laquelle apparemment il éprouve un sentiment plus fort.
« Les 110 pilules » est avant tout un véhicule à de nombreux fantasmes existant chez les hétérosexuels masculins : le mythe de la virilité sous toutes ses formes que se soit au travers de la polygamie, la partenaire soumise, et le male dominateur qui en fait ce que bon lui semble…
Les illustrations sont on ne peut plus explicites, l’usage du livre de positions déjà signalé étant l’occasion de vignettes dignes d’un manuel de sexologie. (Vous apprendrez « l’amazone ou selle de maure », ou bien encore « le colimaçon »…)
Les dialogues sont tout aussi manifestes, et débouchent sur des râles de plaisirs… A moins qu’ils ne se rapportent à quelques blagues graveleuses racontées à la fin d’un repas entre Hsi Men et ses comparses.
Il en ressort une vision assez limitée de la sexualité, toutefois assez caractéristique sans doute de sa perception à l’époque où se déroule l’intrigue.
Les rapports saphiques sont ainsi entièrement laissées de côté, moins que le recours à des ustensiles (brides, capote) et aux drogues, là encore c’est l’Homme qui dirige… (Outre les pilules, on y voit préconiser l’emploi de poudre indienne par exemple, sans parler des pipes opiacées de fin de soirée entre males prétentieux…
Un brin de sado masochisme est aussi présent.
Malgré ses diverses critiques, essai objectif de voir cette œuvre avec un certain retrait, cette BD est parmi celles que je préfère dans le genre.
De là à en déduire mes fantasmes…. | |
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